Un peu plus près des étoiles...

Quand j'ai commencé à grimper en hiver il y a de ça 4 ans maintenant, je n'imaginais meme pas pouvoir un jour aller trainer mes crampons dans certaines voies à la physionomie plus qu'effrayante. A gavarnie, il y en a plus d'une de ce type et "A las estrellas" fait partie de celles ci. Ne se formant pas chaque année, je ne l'avais d'ailleurs jamais remarquée auparavant. C'est lors de notre sortie dans essuie glace que cette ligne a retenu notre attention avec Jean Michel, mais une petite voix au fond de moi me disait : "c'est peu être encore un peu tot pour te lancer la dedans".

"A las Estrellas" 500m de glace raide

J'ai donc continué à rever à ces voies que je ne ferai sans doute jamais, n'etant pas un très fort grimpeur. Mais lorsqu'en début de semaine J.M. me propose de partir la dedans en compagnie de Thierry, un de ces collègues expérimenté, je n'ai pas hésité bien longtemps car les conditions pour y aller ne se représenteront pas de si tot.
Après un nuit passée chez David à Gèdre, nous voilà donc au pied du monstre à 6h30 du matin. A la frontale, J.M. attaque la première longueur de glace facile. Thierry part pour la seconde longueur qui à priori sera celle qui nous opposera le plus de difficultés : un placage de 5cm de glace décollée du rocher quasi vertical ne permet pas de grimper normalement, encore moins de protéger quoi que ce soit. C'est donc 20m d'artif qui nous attendent le long d'une fissure qui rejoint le placage, là où il devient un peu plus raisonnable d'envisager d'utiliser les piolets. Thierry y passe un long moment mais s'en tire comme un chef.

Thierry dans les derniers pas d'artif

Thierry rejoint le placage encore précaire

Je ferme la marche et récupère le matos laissé dans la fissure. A la jonction avec le placage, je retire un piolet du baudard et tente de crocheter une bonne prise. De l'autre main, je m'acharne sur le dernier friend bien coincé. Les minutes s'écoulent et il ne sort toujours pas. En vague équilibre sur les pieds, je lache le piolet ancré dans le placage et essaye à 2 mains de retirer ce maudit friend.
Lorsqu'il cède enfin, il n'est malheureusement pas seul à venir. Une petite secousse du pied sur le placage a définitivement raison de celui ci et c'est 3 m² de glace qui rejoignent la bas de la voie. Evidemment mon pied et le piolet ancré dessus suivent le mouvement . Retenu par la corde je me retrouve quelques metres en contre bas, ce qui n'est pas le cas de mon piolet qui est maintenant 100m plus bas. Je sais que c'est fini pour moi. Une salve d'injures retentissent dans le cirque, mais ca n'y changera rien, ce n'est pas aujourd'hui que je rejoindrais les étoiles.
Après m'avoir descendu un piolet pour finir la longueur, mes compères me moulinent jusqu'au bas de la voie en raboutant les 2 brins de la corde de 60m. Je suis dégouté car je sais que la voie est sublime et que je n'y retournerai sans doute pas avant quelques années.
Il ne me reste plus qu'à me caler au soleil en face et admirer J.M. et Thierry poursuivre dans cette voie.
Foutu placage tout pourri...

Thierry et Jean Michel dans la septième longueur, la sortie n'est plus très loin

Le haut du cirque sous le soleil de Mars