CHILI - Route des volcans
Il y a 2 ans avec Fred lorsqu'on parlait voyage, lui n'avait pas le temps de partir pour une longue expé et moi j'avais pas envie de ce rythme de vie 1 mois sous la tente à l'assaut d'un seul sommet. Un trip à ski sur 15j nous tentait bien. L'exotisme et le depaysement étaient les seuls impératifs.
A l'époque, le ski de rando au Chili commencait à se démocratiser. J'avais déjà passé 2 fois 1 mois en amérique du sud avec Gipsy et la perspective d'y retourner me motivait franchement.
Objectif : la route des volcans dans la motié sud du Chili. Visite à ski des volcans chiliens compris entre Santiago et Puerto Montt. Comme l'Islande, c'est quitte ou double : c'est la partie du Chili où il pleut le plus souvent...
1er étape : Termas de Chillian
Après quelques heures de vol depuis Toulouse via Madrid, nous entamons le voyage par un jeu de Tetris dans le van. Objectif : caser le matos de 8 personnes dans un H1 Hyundai. Avec un peu d'organisation, l'objectif est atteint.
On trace direct sur la ruta N°5 direction "Al sur". Après quelques heures d'autoroute, nous arrivons aux termas de Chillian sous la neige. Ca nous met direct dans l'ambiance. Et dire que la veille on transpirait à Madrid...
Le lendemain, le soleil est de retour et la poudreuse est là!!! Premier sommet : le Chillian viejo (ou nuevo, je sais plus). Au fur et à mesure de la montée, on prend conscience de la dimension de ces sommets : alors qu'au départ on les croirait à portée de main, la distance qui nous sépare du cone terminal est assez énorme!
La montée finale se fait sous un vent qui ne lache rien et les températures s'écroulent bien vite. Une bise au sommet et on profite de cette superbe descente en poudreuse.
Deuxième jour aux termas : le grand beau est toujours là et la poudreuse aussi! On met le cap sur le Nevado Chillian : l'approche est encore plus longue et on a encore l'impression d'etre juste à coté. Le vent dans la dernière partie est toujours présent et au sommet je sors la doudoune et la cagoule pour attendre mes compères. La vue est terrible : une mer de nuage s'est formée et les lumières de fin de journée font ressortir tous les reliefs de ces superbes sommets.
Alain arrive au sommet du Nevado Chillian
Pentes et neige de cinema
La soirée est passée dans un bar resto plutot sympa où on fait péter le "vino tinto", histoire de feter la fin de cette première étape. 2 sommets : 2 jours de grand beau et de grande poudre. Ca commence fort!
Petit dèj pris au "riding alojamiento"
2eme étape : l'Antuco
On prend la route sous la bruine direction l'Antuco, volcan dont la forme est le cliché du volcan : un cone parfait tout blanc, isolé des autres sommets. On se trouve par hasard une petite pension de famille où un gentil couple de vieux nous logent et nous nourrissent pour une poignée de pesos.
On fait le tour de la bourgade jusqu'à franchir les portes d'un bar improbable : 3 piliers tiennent le bar où les lumières sont éteintes. On se pose au fond. Regards en biais des piliers. Ambiance pays basque dans un bar repère de l'ETA. Heureusement Jean Claude, toujours là pour foutre un bon vieux bordel, commence à tchatcher avec les chiliens dans un mélange de franco-bearno-chilien. Au final une bonne après midi de rigolade à regarder les échanges Chiliens bourrés / Jean Claude fidèle à lui même
Le lendemain matin, le ciel est voilé mais on prend tout de meme la route. On chausse alors que la neige commence à tomber. Au bout d'une heure, la decision est prise : ca s'améliore pas, on voit plus grand chose, on a pas de chaines, bref on plit les gaules.
3eme étape : l'Araucanie
La pluie est là alors qu'on entre dans la région de l'Araucanie dont l'arbre symbole attire autant que ses volcans stars. Au programme : Lonquimay, Llaima et Villarica.
Mais pour l'instant c'est surtout parties de cartes endiablées pour finir l'après midi. On ronge notre frein. Heureusement on s'est trouvé une pension... suisse, bien confortable. Le soir, on continue le tourisme culinaire avec un nouveau vino tinto.
Petit matin... il pleut à l'horizontale! Pffffffff, ca fait qu'un jour et demi qu'il pleut mais on est tous sur les nerfs : faire 15000 km pour regarder tomber la pluie, ca tend un peu. Le soir, les discussions s'animent et le ton commence à monter : après 2j de pluie, il tarde à tout le monde de rechausser les planches. On profite une nouvelle fois d'un bon repas, surtout que le lendemain matin, le soleil est de nouveau de la partie!
Direction le Lonquimay. Le décor à changé : les Araucarias constituent la forêt et on sent que le volcanisme est nettement plus présent. On apercoit d'ailleurs quelques fumerolles au sommet.
La pluie de ces 2 jours a posé autant de poudreuse sur les volcans. La montée se fait entre poudre et plaque de glace, là où le vent a dégagé le moindre flocon. On monte par la pente sud en poudre de cinema. Pour une fois le vent est absent, et il fait bien chaud. Au sommet, vue exceptionnelle et le nom de route des volcans prend toute sa dimension ici : au nord et au sud les cones parfaits se dessinent, blancs et dominant le reste de la cordillière.
La descente est exceptionnellissime : plus de 1400m de poudre dans un pente à 35° d'une traite. Une des meilleurs si ce n'est la meilleur descente que j'ai faite en ski. Le pied intégral!
Montée sur fond de Llaima
Valérie, toute veste fermée. Au fond le Tolhuaca puis l'Antuco
Alain au sommet. Là oui, ça en impose
Descente de rève pour Valérie et Gilles
Formes de cratères récents au pied du Lonquimay
Le lendemain la bruine est de retour... blasés! On tente tout de meme le coup pour la face sud de 2000m du Llaima, mais en vain : la bruine est belle et bien là, le plafond bien baché et la marche d'approche très longue. On aurait été trempés avant meme d'entamer réellement la montée.
Repli stratégique, on prend la voiture pour le tenter le lendemain par la face ouest. Montée à la station des araucarias où on passe la soirée dans un dortoir pour collégien bien pourri, mais bien au chaud. On passe la nuit sous les toits, bercés par le bruit de la pluie.
Au réveil... le soleil est de retour. Il vaut mieux parce que là on l'aurait plutot mal vécu.
Si le début de la journée commence tranquillement, rapidement on s'apercoit que le pluie a fait des dégats : la glace recouvre les pentes jusqu'au col. On monte donc en crampons dans un froid sibérien et le vent toujours présent supprime encore une dizaine de degrés au thermomètre.
En passant dans la face est, on s'apercoit que celle ci est recouverte de poudre !??!? On comprend pas bien comment c'est possible, mais on s'en privera pas!
En attendant on arrive au sommet et celui ci est absoluement hallucinant : choux fleurs de glace crevassés par les fumerolles, nuées de vapeurs souffrées, roche brulante, cratère profond. On renonce à rallier le sommet principal, la traversée étant un peu trop dangereuse à notre gout. D'autant que par moment, il est difficile de respirer corretement au milieu des nuages de vapeurs.
On casse la croute juste sous le sommet, sans vent et au soleil, le pied! Première descente en poudre puis on fait le tour en face ouest pour retrouver le chemin du retour. J'essaie pour ma part de contourner jusqu'en face nord de manière à trouver la transfo de printemps et ... bingo! Moquette americaine sous les petits seracs de la face nord.
Forêt d'Araucarias autour de la station ... d'Araucarias
Jean Claude et Fred sous le Llaima. Pour l'échelle, le sommet est 1400m plus haut
Fred dans les dernières pentes sous le sommet
Sommet du Llaima. Ambiance lunaire. Un des meilleurs souvenirs
Valérie. Descente mémorable sur fond de Villarica
Alain fait péter les watt dans la face est
Dernières traces au milieu des Araucarias
Le Llaima vue de la plaine
3eme étape : le Villarica
Le beau temps est toujours de la partie pour quelques jours de suite, donc on trace la route direct après le Llaima.
Après une bonne nuit passée dans une pension confortable plein centre, on met le cap sur LA star du Chili : le Villarica.
Ca sent un peu le poney dans ce van!!!
Le Villarica illuminé par les dernières lueurs du soir
Le matin direction THE star : le volcan le plus connu et un des plus actifs. Ici ca pete régulièrement. La fréquentation des lieux en témoigne : alors que nous étions seuls sur chacuns des sommets précédents, aujourd'hui des hordes de touristes partent à l'attaque de ce sommet de légende : heureusement le dénivelé conséquent élimine 95% des prétendants : restent plus que quelques étrangers venus en skis de rando.
Arrivés au sommet, on comprend mieux pourquoi ce volcan attire autant de monde : le cratère existe ce fois ci pour de vrai : un trou béant d'une trentaine de metre de diamètre laisse échapper des grondements et des ondes de chaleurs qui témoignent de la proximité de la lave en fusion. Franchement, on se sent tout petits et on en mène pas large. Je fais le tour du cratère pour essayer de voir le fond et la lave bouillonante, mais celle ci est trop en profondeur.
Au sud on apercoit la suite du périple : l'Osorno, le Chochuenco et quelques autres acompagnés de leur lagunas respectives.
Les volcans d'Araucanie c'est cà : des sommets vraiment volcaniques entourés de multiples lagunes barrées parfois par d'anciennes coulées de lave, le tout au milieu des Araucarias. Pour le depaysement, il est difficile de trouver mieux!
Fred sur fond de laguna villarica
Alain et Maylis au sommetdu Villarica. Derriere de gauche à droite : Tolhuaca, Llaima et Lonquimay
Des images et des sons plein la tete, on profite à la descente d'une moquette de printemps de première catégorie.
Le beau temps n'étant là que pour 2 jours encore, nous tracons direct sur Chochuenco.
A noter la route qui relie Villarica à Chochuenco : nous l'avons faite par beau temps et illuminée des lumières d'après midi et franchement ca vaut le détour. C'est illusoire de décrire la beauté du coin, mais je recommande!
Arrivée à Chochuenco où on pose nos affaires dans 2 petits chalets tout confort. Nous sommes les seuls et les tenanciers sont aux petits soins avec nous. Un peu claqués par cet enchainement depuis 3 jours, on est contents de se poser devant un bon feu et une bonne bière du coin
4eme étape : le Mosho
Le beau temps n'est censé tenir que 1 jour encore et tenter l'Osorno nous semblait illusoire tant la météo y est complétement imprévisible. Après un coup d'oeil dans le topo je propose d'aller voir le Mosho et le Chochuenco, 2 volcans accolés dont les photos me laissent réveur.
La seule difficulté de ces 2 sommets est l'accessibilité : la voie dégagé qui mene au plus près est dans un parc privé détenu par un fou furieux de l'investissement. L'entrée y est payante et on nous oblige a nous faire amener par des 4x4. Et pas moyen d'y couper... bon ben...bon. Quand on a pas le choix!
Si l'entrée payante laisse un gout amer, le 4x4, contrairement à ce qu'on pensait, est absoluement necessaire. Si nous nous étions engagé là dedans avec notre van, il est fort à parier que nous y serions encore : Ca monte, raide, les ornières font parfois 30 à 40 cm de profond et la piste est franchement rustique. Bref, on est bien content de s'etre fait véhiculer!
La montée se fait tranquilement au soleil. Une fois de plus on se laisse berner par les distances et ce n'est qu'après quelques heures que nous atteignons le pied du cone terminal. Au sommet les températures sont polaires et le vent, toujours là, nous pousse gentiment à la porte.
On est profite tout de meme pour admirer le panache de cendre s'échappant du Puyehue, entré en éruption quelques mois auparavant. Partis pour enchainer sur le deuxième sommet, le Chochuenco, le mauvais temps arrivant, nous redescendons direct, une fois de plus sur une moquette de premier choix.
Sur le plateau sous le cone terminal
Dernière montée. En arrière plan, le Chochuenco
Pour donner une échelle : on apercoit vaguement un point noir juste sous la première bosse de l'arète.
Ce sont Gilles, Vanessa et Maylis... Le col entre les 2 sommets est large, très large!
Le ciel se voile rapidement. Adieu le Chochuenco, on profite de cette dernière descente au Chili
Ambiance romano. Le soleil revient en fin d'après midi pour sécher les affaires
Quelques beaux paysages en bord de lagune
5eme étape : Valdivia
Le mauvais temps et bel et bien de retour comme prévu et ce jusqu'à la fin de la semaine... Il est donc temps d'entamer le voyage de retour. Direction Valdivia, ville cotière, où nous laisserons la moitié de la troupe pour une dernière semaine le long de la route des volcans.
Arg ca fait mal! Je serais bien resté 1 semaine de plus. On en profite pour visiter la ville et sa cote pendant 2j et gouter son poisson frais au marché. Petite détente en compagnie des lobos del mar, qui posent tels des star en bord de fleuve.
Le soir nous laissons Alain et son Harem pour continuer notre retour sur Santiago en bus... Quelques heures de vol et nous voilà de retour en france.
Barques de pécheurs sur la cote proche de Valdivia
Débarquement de la pèche du jour
Les lobos del mar
Trop dur la vie...